Connaître son cerveau pour savoir comment apprendre

Connaître son cerveau pour savoir comment apprendre

Au Canada, Marielle Bonneau, conseillère pédagogique et orthopédagogue, s’est lancée dans un nouveau projet de recherches pour prouver que tous les enfants sont capables d’apprendre et que le personnel enseignant détient le pouvoir de développer leur intelligence.

Ce nouveau projet consiste à apprendre aux élèves le fonctionnement de leur cerveau pour leur permettre de se concentrer sur une tâche, mémoriser des informations, trouver des stratégies pour obtenir des résultats et réguler leurs émotions. A l’aide d’images et de métaphores, l’enfant parvient à comprendre comment son cerveau fonctionne et peut par conséquent identifier ce qui ne va pas.

Pour prouver ses dires, M. Bonneau a par exemple fait comprendre à un enfant qu’il dérangeait toute sa classe en le munissant d’une lampe frontale qu’il braquait dans tous les sens. Les ateliers «À la découverte de mon cerveau» ont été élaborés avec toute une équipe d’orthopédagogues et de conseillères pédagogiques de la Commission scolaire des Bois-Francs (Québec) avec la contribution des profs qui acceptent de les animer.

L’important maintenant pour mesurer l’efficacité de ces ateliers est de comparer les résultats de deux classes. L’une ayant participé à ces ateliers et l’autre non. Tant du côté des élèves que des professeurs. M. Bonneau précise que pour que ces ateliers soient efficaces, chacun doit y mettre du sien, y compris les professeurs et les parents. Ils doivent réinvestir les connaissances et le vocabulaire avec l’enfant. S’organiser, planifier, mémoriser, concentrer son attention constituent des clés pour apprendre.

Ses travaux comment à avoir un écho jusqu’en Normandie. Particulièrement auprès de Sandrine Rossi, maître de conférences en psychologie cognitive de l’Université Caen. Cette dernière souhaite s’associer aux résultats de la conseillère pédagogique pour valider le résultat de ses recherches en dépistage précoce chez les petits du préscolaire. Deux classes de pré-maternelles seront choisies l’an prochain pour expérimenter cette méthode.

Pour terminer, Marielle Bonneau insiste vraiment sur le rôle essentiel des parents, qui peuvent être considérés comme des guides pour leurs enfants. Jouer avec son enfant, c’est une manière d’être entièrement présent à lui, de lui permettre de développer des stratégies, de stimuler ses capacités d’apprendre.

 

Jeudi ce que je veux… Conseils pour les enseignants en herbe

Jeudi ce que je veux… Conseils pour les enseignants en herbe

La carrière d’un enseignant débute souvent par les doutes et le stress liés à ses premiers cours. Elsa Rang Ripert, directrice de l’ESPE de Bourgogne, a récemment livré quelques conseils à ces professeurs débutants pour les aider à franchir ce cap.

Pour commencer, il faut être conscient qu’il n’existe pas une seule réalité de terrain. L’enseignant doit être capable de s’adapter à différents contextes professionnels et à différentes réalités. La réalisation de stages pendant sa formation dans des établissements variés est donc primordiale pour être armé contre ces différents cas de figure. Le jeune prof doit aussi apprendre des méthodes, des pédagogies et des outils innovants pour les réutiliser devant sa classe.

Dès ses premiers cours, l’enseignant doit construire sa posture professionnelle en adéquation avec ce qu’il est. Il doit trouver son style et instaurer un climat de confiance et de bienveillance avec ses élèves. Il doit aussi bien réfléchir à son organisation de travail et aux dispositifs pédagogiques utilisés. La réussite des ses élèves doit être sa priorité.

Il est aussi important d’être bien entouré car la solitude peut être un désavantage professionnel pour le jeune enseignant. Il ne doit pas hésiter à échanger avec ses collègues dans la salle des professeurs par exemple. Il se rendra compte qu’il n’est pas le seul à connaître des difficultés.

En règle générale, la première de ces difficultés sera de sortir des représentations qu’il a du métier. Tous les élèves ne viennent pas à l’école par plaisir et il doit en être conscient. Et les élèves ne sont pas les seuls acteurs dans son métier. Les parents y tiennent aussi une place importante. De plus, le jeune professeur est souvent amené à travailler dans divers établissements au début de sa carrière. Il doit savoir s’adapter à toutes sortes d’élèves, de parents, de collègues..

Se construire en tant que professeur ne se fait pas du jour au lendemain. Le plus important pour être un bon enseignant n’est pas d’éviter l’échec mais de justement savoir apprendre de ses erreurs pour les corriger et en tirer les leçons nécessaires.

D’où vient l’info ? – Semaine de la presse et des médias dans l’école

D’où vient l’info ? – Semaine de la presse et des médias dans l’école

Depuis le 19 mars se tient la semaine de la presse et des médias dans l’école. Cette édition 2018 avait pour thématique principale “D’où vient l’info ?”. Son but est de répondre aux enjeux liés à l’Education aux Médias et à l’Information.

 

A chaque printemps depuis maintenant 29 ans, plus de 200 000 enseignants de tous niveaux et de toutes disciplines participent à la semaine de la presse et des médias dans l’école. Le but de cette initiative est d’aider les petits et grands à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et à forger leur identité de citoyen. Pour cette occasion, près d’un million de journaux, de nombreuses ressources gratuites en ligne et des ateliers avec des journalistes sont offerts. 1850 médias s’inscrivent chaque année à l’opération.

A une époque régentée par les réseaux sociaux et les fakes news (fausses informations) qui se propagent à vitesse grand V, il est très important d’apprendre à nos enfants à discerner le vrai du faux et des réponses précises sur le métier des journalistes sont là pour les y aider.

“Est-ce que le journaliste dit toujours la vérité ?”, “Comment distinguer une fausse information d’une vraie ?”, “Quels objectifs ont les journalistes quand ils font un reportage ?”, “Est-ce que les journalistes savent tout ce qu’il se passe dans le monde ?”… Autant de questions et de réponses qui permettront aux plus jeunes mais aussi aux moins jeunes d’y voir plus clair sur le monde qui nous entoure.

Des jeux cadre pour mieux , mémoriser, animer

Des jeux cadre pour mieux , mémoriser, animer

Pourquoi les jeux-cadres ?

Un enseignant témoigne :

“Pour aider les élèves à apprendre les classes de mots, je leur ai donc proposé de faire des schémas – cartes conceptuelles qui relient les notions entre elles – des exercices, des contrôles où la lecture et la grammaire sont indissociables. Nous avons également composé des rédactions – toutes ces activités visant à tourner autour des notions, à se les approprier à  les fixer.
Néanmoins, au bout de quelques semaines, force est de constater que les notions tendent à s’effacer et à se mélanger. Il faut donc une activité qui permette de reprendre, sans lassitude, cet apprentissage des bases grammaticales. Les schémas sont donc le prélude pour la constitution d’un jeu-cadre.

Qu’est-ce qu’un jeu-cadre ?

C’est une activité ludique et qui peut donc paraître légère et  futile si l’on a une idée très stricte et froide de l’enseignement. On dira que ce n’est pas sérieux, que les élèves ne travaillent pas, perdent le goût de l’effort… Je n’entrerai pas dans ce débat et je dirai simplement que ce qui m’importe, c’est le résultat. Les élèves progressent-ils dans l’apprentissage de la notion ?”
Le principe
Les jeux de société comme le Taboo, le jeu de l’oie, le Monopoly sont des cadres,  des matrices, des coquilles vides, réceptacles prêts à accueillir leur contenu : le cours. On s’inspire des règles, des tableaux de jeux et  on les utilise pour apprendre le cours.

Quand utiliser le jeu-cadre ?

En fin de séquence, quand les notions (en grammaire, en vocabulaire par exemple) commencent à se mélanger dans la tête de nos élèves, une activité de rappel, de construction – il faut construire un réseau grâce à une carte heuristique ou à un jeu – semble indispensable si on veut qu’ils retiennent.
Lorsque le rythme devient pénible, les élèves en fin de période, de semaine, parfois de journée, ont besoin d’autres activités, moins lourdes, plus agréables.
Pour entretenir la motivation, on peut récompenser une classe qui a bien travaillé, fatiguée, par un jeu-cadre.
Amifor organise des formations aux jeux cadres en les recontextualisant
Tout en tenant compte de vos contextes scolaires ou de formation, Amifor® organise des formations en intra (et parfois en inter, surveillez l’agenda des formations) sur notre site www.amifor.fr :
http://www.amifor.fr/Calendrier%20Formation%20AmiFor%202017-2018.pdf

JEUDI CE QUE JE VEUX : Pourrions nous repasser notre Bac ?

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je fais un cauchemar récurrent : je repasse l’épreuve de mathématiques au baccalauréat.

Pourtant, contre toute attente, j’ai eu une très bonne note ! Sans doute le fait d’avoir dû durant la période de révisions, expliquer une notion compliquée à un de mes camarades. Notion que moi même j’avais du mal à comprendre mais dont la verbalisation et la mise en mouvement (comprenez des gestes avec mes mains) m’ont permis l’assimilation. Il s’agissait d’un problème de valeurs absolues…… Donc je reviens à aujourd’hui, si je devais repasser mon bac, ce serait catastrophique… D’autant plus que les méthodes ont vraiment évolués. La biologie de mon époque (sujet : l’œil et la vue) n’a plus rien à voir avec un sujet d’aujourd’hui etc, etc…… Cependant, le grand oral me séduit bien. Il faut encore attendre 3 ans. Là j’aurais été dans mon élément. Comme quoi le baccalauréat n’est pas ni plus, ni moins difficile au fil des années, il est juste différent.
Un rêve cependant : Pourrions nous imaginer passer l’ensemble des épreuves
, selon un choix fait en fonction de nos intelligences multiples majeures ? ( ce qui supposerait plusieurs formes autour d’un même sujet) 
Oups je rêve……………

 

 

Formation Amifor® Intelligences multiples : teste ton profil (en 3ème)

On le sait très bien, détectez les intelligences fortes chez les élèves et avant tout un temps d’observation. Cependant il est intéressant de construire pour sa classe, pour son école, pour ses élèves un “test” qui leur est destiné. Pauline et Christelle ont pu lors d’une formation organisé par Amifor réfléchir à un test dédié aux 3ème, soit pour les aider dans leur orientation, soit pour pouvoir organiser par la suite des séances intelligences multiples (Gartner).

La première règle que nous nous sommes fixée :
Ne pas évoquer la théorie de Gartner en amont et mélanger les questions de façon à ne pas se laisser guider par une “envie particulière”.
La deuxième règle :
Utiliser un vocabulaire compréhensible et des contextes vécus par des jeunes de 14/15 ans.
La troisième règle :
Poser autant de questions dans chacune des intelligences et bien poser des questions sur toutes les facettes de chaque intelligence.

Voici donc le résultat : Teste ton profil !

 

 

 

 

 

Classe accompagnée : «mes élèves prennent un maximum de décisions»

Classe accompagnée : «mes élèves prennent un maximum de décisions»

Prof d’anglais en collège, A. Coughlin est passé de la classe inversée à la classe… “accompagnée”. Pour rendre ses élèves autonomes, 
il leur donne un maximum de liberté.
Professeur d’anglais au collège
Max Jacob de Josselin, Alan Coughlin a plongé dans la marmite de la classe inversée –
avant de transformer sa pédagogie en « classe accompagnée ». L’idée : rendre les élèves autonomes en leur donnant un maximum de liberté.

Comment en êtes vous venu à pratiquer la classe inversée, puis la classe “accompagnée” ?

J’ai commencé à enseigner en 2010. Dès le début, ce que je faisais ne me convenait pas : beaucoup trop d’élèves attendaient que je dirige tout, et s’ennuyaient. Pour apprendre une langue vivante, il faut parler, faire, bouger. J’ai donc cherché à faire autrement. J’ai regardé ce qui se faisait en matière de pédagogie nouvelle. Mais je me suis rendu compte que, de Freinet à Montessori, la plupart sont difficiles à transposer dans une classe lambda de l’Education nationale, soumise à des contraintes horaires et matérielles.
Puis, en 2011, j’ai découvert la flipped classroom. J’ai appliqué sa définition stricte : donner des vidéos du contenu du cours en amont, et libérer du temps pour faire les exercices en classe. Mais dans mon collège, loin d’être favorisé, j’ai constaté que donner du travail à la maison était une illusion : pour un élève qui a la chance d’avoir des parents disponibles, pas de problème, mais pour les autres, c’était problématique. La classe inversée, dans sa définition originelle ne pouvait pas fonctionner.

Qu’avez-vous alors voulu changer à votre pédagogie?

La classe accompagnée d’Alan Coughlin
En 2013, je me suis posé la question de la motivation, essentielle pour que mes élèves se mettent au travail. J’ai identifié 3 piliers. Deux que je faisais déjà – donner du sens, par la pédagogie de projets ; donner aux élèves les moyens de travailler, par la différenciation -, et un autre que je n’appliquais pas : l’autonomie.
Dans l’enseignement, on demande souvent aux élèves d’être autonomes, mais sans leur en donner les moyens, sans leur dire comment faire. Même dans la classe inversée, cette question n’était pas franchement posée.  Qu’est ce que l’autonomie ? C’est savoir s’appuyer sur des ressources, les utiliser pour mieux se gérer soi même.
L’autonomie ne s’apprend pas en travaillant à la maison, avec des parents qui, souvent, ne savent pas comment aider leurs enfants. Elle ne s’apprend pas non plus en écoutant l’enseignant, mais en agissant. Il faut arrêter de tout miser sur la transmission du savoir, et permettre à l’élève d’apprendre par lui-même à gérer son temps et ses ressources, et à collaborer avec les autres. Souvent, on empêche les élèves de collaborer entre eux, ou on les met en groupes mais sans véritable but…
J’ai rejeté la classe inversée, car pour moi, il fallait que tout puisse se faire en classe. Dès qu’on relaie quelque chose à la maison, on se défausse sur la famille d’un certain nombre de responsabilités vis-à-vis des enseignements. Je devais pouvoir les aider en classe, sur tous les aspects. S’ils devaient regarder une vidéo par eux-mêmes pour en tirer quelque chose, je devais être présent et disponible. D’où l’idée de créer une classe accompagnée.

En quoi consiste votre « classe accompagnée » ?

La « classe accompagnée » d’Alan Coughlin / letlearn.eu
L’idée de la classe accompagnée, c’est que tout puisse se faire en classe. Je permet aux élèves de prendre possession de leur temps et de leur espace – la salle de classe leur appartient, plus à moi. C’est leur salle. Ils peuvent déterminer eux mêmes la disposition des tables et des chaises. Ils peuvent s’y déplacer librement et utiliser l’équipement au gré de leurs besoins.  Ils ont tous un même objectif à atteindre, mais ils peuvent travailler dans l’ordre qu’ils veulent, avec qui ils veulent.
J’ai gardé ce que je faisais déjà, qui marchait bien et qui ne se faisait pas tout le temps en autonomie (travaux de groupe, travaux individuels, temps collectifs de mise en commun), mais j’ai aussi mis en place des parcours individuels en milieu collaboratif. Concrètement, les élèves ont plusieurs séances pour réaliser leurs travaux, chacun à leur rythme. Toutes les activités que je peux mettre en parcours autonome, je le met sur une feuille de parcours, qui permet aux élèves d’aborder le thème et les activités qu’ils veulent, dans l’ordre qu’ils veulent, seuls ou avec d’autres.
Je laisse mes élèves faire leurs choix. Il ont le contrôle sur leur rythme de travail. Je suis une ressource pour eux, mais toujours en dernier recours : certains me sollicitent parfois trop, et quand ils le font, je les invite à chercher encore un peu par eux-mêmes. Quand ils n’en sont pas capables, je les aide à le faire. Je les accompagne, dans une écoute bienveillante.
On revient aussi aux principes d’une classe collaborative Freinet: les élèves décident eux-mêmes des choses à faire, à partir de conseils. Je ne le fais pas d’une manière aussi systématique, mais les élèves peuvent prendre un maximum de décisions. Au début, ils sont un peu décontenancés par toute cette autonomie, mais ils finissent par vite prendre le pli. Une classe accompagnée bien lancée, c’est une classe dont les élèves entrant dans la salle déplacent les tables immédiatement, et qui sont déjà au travail le temps que je me lève. Il m’est déjà arrivé d’interrompre les élèves, qui s’étaient déjà mis au travail, car je voulais revenir à une forme de cours plus classique !

Quels sont les bienfaits de votre pédagogie ?

La classe accompagnée d’Alan Coughlin
Les élèves sont beaucoup plus à l’aise, motivés et impliqués quand ils sont autonomes. C’est une question de bien-être au travail. Personne n’aime les contraintes et le manque de confiance, à l’école comme en entreprise. Pour libérer le collaboratif et la créativité, il faut créer les conditions de l’autonomie. Beaucoup d’élèves dans mon établissement sont des décrocheurs, et ma classe accompagnée permet de ne pas les rendre malheureux en classe, et de les récupérer.
Une fois au lycée et dans le supérieur, mes élèves seront décomplexés par rapport à la langue, n’auront pas peur de participer et de faire des erreurs. Mais il s’agit d’un processus continu et progressif, il ne faut pas vouloir rendre les élèves autonomes d’un seul coup.
la classe accompagnée me permet de différencier, en apportant des exercices plus complexes à ceux qui sont en avance, et en repérant et en aidant davantage ceux qui sont en réelle difficulté. Mon rôle a changé : je les guide dans l’utilisation des ressources. Je suis un pédagogue, un coach, et je n’ai plus besoin de me consacrer à faire la discipline. Mon rapport avec les élèves est enfin bien meilleur : entre nous, il y a une vraie entente, une complicité, une confiance mutuelle, qui change tout.

En quoi est-ce différent de la classe inversée ?

Ma classe accompagnée est transitoire : elle s’utilise dans un certain contexte, avec des élèves qui ont peu d’autonomie, et que l’on veut rendre justement autonomes. Elle est ainsi pertinente au collège, mais à un certain moment, il est possible de s’en passer et d’aller au-delà.
Une fois l’objectif d’autonomie atteint, il est possible de passer à d’autres formes de pédagogie, comme la classe mutuelle de Vincent Faillet ou la classe renversée de Jean-Charles Cailliez – quand les élèves construisent les cours qu’ils doivent apprendre, et apprennent ainsi en enseignant eux-mêmes. On peut considérer que toutes ces pédagogies, dont la mienne, sont ”des” classes inversées, et pas “la” classe inversée. Je ne me reconnaissais pas dans la flipped classroom telle que définie il y a encore quelques années. Mais aujourd’hui, la définition s’est suffisamment élargie pour englober les pratiques nouvelles, dont les miennes.
Désormais, le développement de l’autonomie, le changement de posture du prof et de l’élève, et la revisite de l’espace classe font partie de ce qu’appliquent “les” classes inversées : on est sorti de la capsule vidéo en amont, qui est finalement anecdotique. Le plus important, c’est ce qui se joue en classe. Dans la mienne, les capsules ne sont pas toujours présentes, mais quand elles le sont, les élèves les visionnent dans la salle.
Le cours magistral classique existe encore parfois, mais seulement pour ceux qui en ont besoin, dans un coin de la salle. Tout peut être vu en vidéo à la maison, mais ce n’est pas une obligation. Je ne veux plus de devoirs à la maison, mais des envies à la maison : mes élèves sont libres de travailler chez eux, mais s’ils en ont envie, s’ils veulent aller plus loin.
Jeudi ce que je veux : Laissez les dire !

Jeudi ce que je veux : Laissez les dire !

Nuit de l’orientation, hier en fin de journée organisée par la CCI de Caen. grande réussite, puisque 200 professionnels et 1200 visiteurs (jeunes et leur famille) ont pu se rencontrer et échanger sur le métier, l’orientation et …
Tout ce qui peut concerner les jeunes et leurs envies…ou pas.

Notre agence de communication (33id à Hérouville St Clair) avait répondu à l’appel de la CCI, et nous n’avons pas eu le temps de reprendre notre souffle… Plus d’une trentaine de jeunes ont défilé devant notre table. Les questions ont fusé autour de la communication et du journalisme.

Quelques jeunes sûrs d’eux sont venus en toute autonomie à la pêche aux réponses. Mais souvent pour la plupart, ce sont surtout les parents qui ont mené la conversation. Sans doute une attitude normale. Dommage. Je préférais essayer d’arracher les rêves et les questions de la tête de mes jeunes interlocuteurs.

MC, rédac chef

 

Héloïse Dufour.« Plus d’un million d’élèves sont concernés par la classe inversée

Héloïse Dufour.« Plus d’un million d’élèves sont concernés par la classe inversée

 Cet ITV a été réalisé par Anne Cécile Juillet du Télégramme
Héloïse Dufour, vous êtes la présidente de l’association « Inversons la classe », et vous êtes intervenue au congrès de Rennes ce mercredi. Qu’est-ce qu’une classe inversée ? \a Pour le dire simplement mais sans être réducteur, c’est le fait de consacrer le temps en classe avec les élèves à les faire travailler. Quant au temps autonome des élèves, on leur met à disposition les activités les  plus simples : la prise de connaissance de documents, le fait de se familiariser avec des notions qui seront vues ensuite en classe.
Est-ce qu’on peut dire, que c’est, en gros, « la leçon à la maison et les devoirs en classe » ?
Justement, non ! Cela serait plus parlant pour le grand public, mais cela enverrait un message bien trop réducteur. Parce qu’en réalité, c’est toute une réflexion sur la place de l’élève par rapport à son apprentissage mais aussi sur la place de l’enseignant qui est en jeu.
Quelles sont ces places, justement ?
Il y a plusieurs types de classes inversées, mais ce que l’on retrouve de commun à toutes, c’est vraiment cette volonté de rendre l’élève plus acteur de son apprentissage, voire producteur. Pour faire simple, dans le rapport enseignant-élève, on passe du face à face au côte à côte. Visuellement, dans une classe inversée, très souvent, on va trouver des élèves en train de travailler en groupe, et un professeur qui n’est pas au tableau face à sa classe, mais au milieu des élèves, qui navigue entre les groupes pour les accompagner dans leur travail.
On sort de l’image classique, voire antique, de l’enseignement magistral,
c’est ça ?
C’est ça\a . Bien que, et c’est important de le préciser, cette image soit parfois un peu caricaturale. Par ailleurs, il faut bien préciser que les programmes restent absolument inchangés, et cela demande beaucoup de travail au professeur puisqu’il doit fournir des « capsules » (vidéo, la plupart du temps) pour lancer le travail des élèves.
On peut les retrouver à tous les niveaux de l’enseignement ?
Oui, on trouve des classes inversées du primaire à l’enseignement supérieur, des grands lycées parisiens aux petites écoles primaires rurales, de l’Essec (École supérieure des sciences économiques et sociales, NDLR) au REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcée, NDLR). Ce sont pour la plupart des initiatives individuelles des enseignants, dans le public comme dans le privé. C’est un mouvement. Tout le travail de l’association « Inversons la classe » a été justement d’impulser et d’accompagner ce mouvement. Si on prend les chiffres de 2017, 20.000 enseignants, soit plus d’un million d’élèves en France sont concernés par la classe inversée. Ce n’est pas anecdotique !
D’où vient ce concept ?
Historiquement, le terme est d’origine anglo-saxonne : « flipped classroom ». C’est un terme récent, mais ce qu’il recouvre est en fait beaucoup plus ancien : ce sont les pédagogies actives. Elles s’inspirent des pédagogies Freinet, Montessori, tout ce mouvement européen du début du XXe siècle qu’on a appelé à l’époque « l’éducation nouvelle ». Avec cette idée de mettre l’élève en position d’acteur de ses apprentissages, et pas seulement de récepteur.
Pour plus de réussite ?
L’idée c’est de ne laisser personne sur le carreau, et notamment les élèves en difficulté. Au contraire, la motivation c’est de mieux prendre ces élèves-là en charge, en pouvant passer plus de temps avec eux sur ce dont ils ont besoin. Quand un enseignant est face à une classe de 30-35 élèves, matériellement, il n’a pas le temps de s’occuper de tout le monde. Cela défavorise non seulement les élèves les plus en difficulté, mais aussi les meilleurs élèves. Parce que l’enseignant va finalement se concentrer sur ce qu’on va appeler le « ventre mou » de la classe, et aller au rythme de la moyenne de la classe. Résultat des courses : pour les uns ça va trop vite, pour les autres ça va trop lentement. Ce que permet la classe inversée, c’est de mieux s’adapter au rythme de chaque élève.
Aujourd’hui, le support numérique est indissociable de la classe inversée. Toutes les familles n’ont pas les moyens d’offrir une tablette ou un ordinateur à ses enfants…
C’est une question importante à poser, une préoccupation majeure. Les enquêtes montrent que 90-95 % des familles avec enfants sont équipées en numérique et connectées à internet. Mais il reste ces quelques pourcentages qui ne le sont pas. Il n’y a pas de formule miracle. Les enseignants gèrent ça de manière individuelle. Soit en leur donnant accès au CDI, soit en classe avec du matériel… Ce sont des choses auxquelles les enseignants font attention.
Est-ce que le fait de ne pas être en face à face avec l’enseignant ne favorise pas la dissipation, voire l’indiscipline ?
L’une des grandes motivations des enseignants, c’est justement de mieux s’occuper de tous les élèves. Cela permet de mieux gérer la classe, parce que les élèves sont au travail, pas dans une situation passive. Plus impliqués, il est fort probable qu’ils soient moins dissipés. Mais attention, la classe inversée ce n’est pas LA méthode miracle pour sauver l’éducation et faire que tous les élèves d’un coup soient ravis d’apprendre et se mettent au travail ! Et tous les enseignants n’ont pas forcément la fibre de fonctionner comme cela.
Comment êtes-vous perçus par l’Éducation nationale ?
Sa position a évolué. On a dû faire un gros travail de pédagogie. Aujourd’hui, on remarque une forme de bienveillance à l’égard de la classe inversée. L’Éducation nationale reste attentive parce que certaines classes inversées sont mieux faites que d’autres. Au niveau local, les situations varient. Mais je peux dire qu’avec l’Académie de Rennes, la collaboration est exemplaire.