Une dizaine d’établissements ont adopté le programme Graines d’Entrepreneurs pour les élèves de 11 à 18 ans, développé au Parc de l’Innovation de l’EPFL.
Est-ce qu’un Steve Jobs, le mythique patron d’Apple qui a mis la marque à la pomme sur orbite, ou un Elon Musk, l’Américain qui a lancé la Tesla et les fusées SpaceX, sommeille en chaque enfant? Probablement pas. Toutefois, Laurence Halifi, la fondatrice du programme Graines d’Entrepreneurs, elle-même administratrice d’une société vaudoise, est convaincue que chacun peut développer un esprit d’entreprendre et l’envie d’innover afin de monter un projet.
Fondé il y a deux ans par Laurence Halifi et Nadine Reichenthal, qui a travaillé à des postes élevés dans des multinationales et qui enseigne l’entrepreneuriat dans des hautes écoles comme la HEC et l’EPFL, ce programme d’entrepreneuriat et d’innovation pour écoliers de 11 à 18 ans prend de l’envergure. Aujourd’hui, plus d’une dizaine d’établissements, principalement romands, l’ont intégré dans leur cursus, soit dans des cours intégrés, soit en ateliers extrascolaires afin de préparer les écoliers et les étudiants aux métiers de demain.
Dans le programme scolaire
Fin août, une journée d’initiation aux Innov-Entrepreneurs – c’est le nom du programme pour les non-francophones – était organisée dans le canton de Berne sous la houlette du Conseil d’Etat. Une autre est prévue à la prochaine Foire du Valais et il existe aussi des stages de vacances. Mais dans les cantons de Vaud et de Genève, certains établissements vont déjà beaucoup plus loin en intégrant le programme dans le cadre des cours obligatoires, donc destinés à tous leurs élèves. A l’instar de l’Institut international de Lancy (GE), le Lycée français Rodolphe Töpffer à Genève et l’Ecole La Garanderie à Lausanne où il se déroule tous les vendredis.
Avec ce programme, on n’enseigne pas l’esprit d’entreprise, tient à préciser Laurence Halifi, mais «l’esprit d’entreprendre. C’est créer, prendre les choses en main. Car on n’entreprend pas pour devenir riche, dit-elle, mais pour devenir soi.» Elle en a fait l’expérience en tant que formatrice avec des enfants pas forcément armés a priori pour atteindre une stature de futur patron. Ils ont été capables de se muer en entrepreneur en herbe. «On n’est pas là pour créer la dixième casquette design mais un vrai projet afin d’améliorer la vie des gens», remarque la fondatrice de Graines d’Entrepreneurs.
Le programme est modulable en nombre d’heures (1 h ou 1 h 30 hebdomadaire en général) et dans sa fréquence, mais il est toujours organisé en trois parties. Première phase, les élèves s’interrogent sur l’innovation de leur projet: «Quoi ? Pourquoi je le fais? Pour qui?» Ensuite, coachés par des entrepreneurs, ils se mettront dans leur peau pour identifier les problèmes à affronter avant de définir les solutions innovantes et d’élaborer le projet avant d’effectuer les tests. Enfin, les jeunes sont en devoir de définir un business model – ou comment faire pour que l’entreprise soit durable tout en gagnant sa vie – et de le présenter aux autres sous forme de pitch. On imagine le p’tit génie dans les sciences, timoré lorsqu’il s’agit de s’exprimer devant les autres pour «vendre » son projet. Eh bien pas du tout, assure Laurence Halifi: «C’est tout l’intérêt de le faire à cet âge. On a encore un impact sur la construction de l’enfant. Il n’a pas le même frein que l’adulte.»
Elle décrit une autre étape que les élèves adorent: les sondages devant les commerces où ils interpellent les adultes pour voir si leur idée correspond vraiment à un besoin. Elle souligne que ce sont des compétences qui sont préconisées par le Plan d’études romand (PER), mais aussi par les instances européennes. Le coût du programme est pris en charge par les communes ou des établissements privés. Pour se faire une idée: organisé en ateliers extra-scolaires, un trimestre coûte 300 à 350 francs par enfant.
Idée née à l’UNIL
Cette maman de deux filles avait lancé Graines d’Entrepreneurs au Collège Champittet à Pully, où l’une manquait d’entrain en se posant la question du sens de ce qu’elle apprenait. Ce programme repose sur les outils pédagogiques développés par Alex Osterwalder et Yves Pigneur à l’Université de Lausanne: «Value Proposition Design» et «Business Model Canvas». Un enseignement de l’entrepreneuriat qui a fait le tour du monde et rencontre un vif succès.
A relever que Graines d’Entrepreneurs, qui est à la fois une association et une société, compte maintenant 20 coachs et professeurs formés par ses soins, plus trois personnes à la direction et à l’administration. Installé dans le Parc de l’Innovation de l’EPFL, le programme a intégré il y a peu le Swiss EdTECH Collider, le pôle européen pour les nouvelles technologies de l’éducation de l’EPFL, et il commence à trouver un écho international, notamment en France. (TDG)
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