Petite histoire du confinement par Mots passion

par | Mar 28, 2020 | Pédagogie inversée

La sentence est tombée. Nous ne franchirons plus les limites de notre “chez nous”. Nous resterons à l’intérieur de cet espace qui est le nôtre, sans en dépasser les bornes. Vieux mur de pierres,  haie de troènes, corde tendue entre quelques piquets ou juste une porte, qu’importe,  nous n’irons pas plus loin que cette ligne qui sépare notre espace de celui du voisin et de l’espace public. Là est la frontière et nous devons rester en deçà.

Finis en latin désigne la limite d’un champ, d’un territoire ; le pluriel fines est employé pour parler des frontières d’un pays. il est difficile de dire ce que finis désignait concrètement à l’origine : peut-être une marque sur un arbre ou encore une corde puisqu’à l’origine  c’est par une corde qu’était délimitée la limite d’un terrain. Des terrain étaient confiniti, confinés lorsqu’ils partageaient ensemble (cum, avec) une même limite et les finiti étaient des voisins.
(Source : dictionnaire étymologique de la langue latin A. Ernout & A. Meillet)

Nous voilà donc enfermés, restreints à cet espace borné qui est le vôtre, confinés. Par décret. Voilà que le mot sentirait presqu’ à nouveau le caractère pénal qui était le sien au 16 ème siècle, celui d’emprisonnement. Un sens dans lequel il n’est plus employé.
Aujourd’hui le mot désigne le fait d’être enfermé dans certaines limites, concrètes, certes, mais surtout abstraites. Et à ce confinement-là personne ne nous oblige, bien au contraire ! De même qu’il est recommandé d’ouvrir bien grand les fenêtres pour chasser l’air confiné qui n’est pas bon pour notre santé, ouvrons bien grand nos esprits pour nous ouvrir à d’autres horizons et aérer notre esprit. Ne nous confinons pas dans le pessimisme, dans nos petites habitudes, nos certitudes, nos peurs. Ouvrons les yeux , ouvrons nos intelligences et nos cœurs. Regardons au loin,  au bout du bout : transportons-nous aux confins de cette crise d’où nous ressortirons grandis pour avoir appris combien l’Homme est fragile.
Isabelle Lefebvre

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