Depuis le 19 mars se tient la semaine de la presse et des médias dans l’école. Cette édition 2018 avait pour thématique principale « D’où vient l’info ? ». Son but est de répondre aux enjeux liés à l’Education aux Médias et à l’Information.
A chaque printemps depuis maintenant 29 ans, plus de 200 000 enseignants de tous niveaux et de toutes disciplines participent à la semaine de la presse et des médias dans l’école. Le but de cette initiative est d’aider les petits et grands à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et à forger leur identité de citoyen. Pour cette occasion, près d’un million de journaux, de nombreuses ressources gratuites en ligne et des ateliers avec des journalistes sont offerts. 1850 médias s’inscrivent chaque année à l’opération.
A une époque régentée par les réseaux sociaux et les fakes news (fausses informations) qui se propagent à vitesse grand V, il est très important d’apprendre à nos enfants à discerner le vrai du faux et des réponses précises sur le métier des journalistes sont là pour les y aider.
« Est-ce que le journaliste dit toujours la vérité ? », « Comment distinguer une fausse information d’une vraie ? », « Quels objectifs ont les journalistes quand ils font un reportage ? », « Est-ce que les journalistes savent tout ce qu’il se passe dans le monde ? »… Autant de questions et de réponses qui permettront aux plus jeunes mais aussi aux moins jeunes d’y voir plus clair sur le monde qui nous entoure.
Du 12 au 18 mars, se déroule la 20e édition de la Semaine du Cerveau. Dans une quarantaine de villes de France, des chercheurs proposent gratuitement au grand public conférences, expositions, visites et ateliers pour mieux comprendre cet organe fascinant…
Une semaine pour mieux connaître… votre cerveau !
Depuis 20 ans, pas de mois de mars sans sa Semaine du Cerveau ! Des chercheurs issus de grands organismes de recherche, et du monde médical proposent gratuitement, dans toute la France, des évènements en lien avec les neurosciences, conçus à destination du grand public. Débats, spectacles, expositions, conférences, ateliers, visites de laboratoires… les curieux ont l’embarras du choix !
Environ la moitié des initiatives est proposée en milieu scolaire, l’autre étant ouverte à tous les publics. À chaque ville sa programmation et ses chercheurs ! Ce soir, des spécialistes du rêve, de l’intelligence artificielle, de l’apprentissage ou du vieillissement cérébral vous attendent peut-être dans leurs locaux, dans une salle municipale… ou même dans un bar ! L’ensemble de ces propositions est détaillée, département par département, sur le site SemaineDuCerveau.fr
L’initiative est motivée « par la volonté de partager les connaissances générées par la recherche sur le cerveau et de rendre accessible à tous la démarche et la culture scientifique », explique Lydia Kerkerian-Le Goff, présidente de la Société des Neurosciences, qui coordonne l’événement en France. Les avancées de la recherche méritent, selon elles, d’être mieux médiatisées.
« Étudier le fonctionnement du cerveau à toutes les étapes de la vie, et par de multiples approches, est essentiel pour comprendre nos comportements, nos prises de décision et l’influence de notre environnement, avec des implications majeures pour notre société », poursuit-elle. « Cela est également fondamental pour combattre les maladies du système nerveux qui affectent plus de 160 millions de personnes en Europe et dont l’impact économique et sociétal est énorme. »
Selon les responsables de l’événement, plus de 40.000 personnes ont participé aux conférences et ateliers proposés sur le territoire.
« Pour aider les élèves à apprendre les classes de mots, je leur ai donc proposé de faire des schémas – cartes conceptuelles qui relient les notions entre elles – des exercices, des contrôles où la lecture et la grammaire sont indissociables. Nous avons également composé des rédactions – toutes ces activités visant à tourner autour des notions, à se les approprier à les fixer.
Néanmoins, au bout de quelques semaines, force est de constater que les notions tendent à s’effacer et à se mélanger. Il faut donc une activité qui permette de reprendre, sans lassitude, cet apprentissage des bases grammaticales. Les schémas sont donc le prélude pour la constitution d’un jeu-cadre.
Qu’est-ce qu’un jeu-cadre ?
C’est une activité ludique et qui peut donc paraître légère et futile si l’on a une idée très stricte et froide de l’enseignement. On dira que ce n’est pas sérieux, que les élèves ne travaillent pas, perdent le goût de l’effort… Je n’entrerai pas dans ce débat et je dirai simplement que ce qui m’importe, c’est le résultat. Les élèves progressent-ils dans l’apprentissage de la notion ? »
Le principe
Les jeux de société comme le Taboo, le jeu de l’oie, le Monopoly sont des cadres, des matrices, des coquilles vides, réceptacles prêts à accueillir leur contenu : le cours. On s’inspire des règles, des tableaux de jeux et on les utilise pour apprendre le cours.
Quand utiliser le jeu-cadre ?
En fin de séquence, quand les notions (en grammaire, en vocabulaire par exemple) commencent à se mélanger dans la tête de nos élèves, une activité de rappel, de construction – il faut construire un réseau grâce à une carte heuristique ou à un jeu – semble indispensable si on veut qu’ils retiennent.
Lorsque le rythme devient pénible, les élèves en fin de période, de semaine, parfois de journée, ont besoin d’autres activités, moins lourdes, plus agréables.
Pour entretenir la motivation, on peut récompenser une classe qui a bien travaillé, fatiguée, par un jeu-cadre.
Amifor organise des formations aux jeux cadres en les recontextualisant
Tout en tenant compte de vos contextes scolaires ou de formation, Amifor® organise des formations en intra (et parfois en inter, surveillez l’agenda des formations) sur notre site www.amifor.fr :
Sciences et Avenir est partenaire d’un forum dédié à une approche innovante en santé, l’innovation inversée, qui aura lieu à Paris les 31 mai et 1er juin 2018 et pour lequel les inscriptions sont ouvertes.
L’innovation inversée, vous connaissez ? C’est le fait de concevoir des produits dans et pour les pays émergents, puis les vendre dans les pays industrialisés. Cette approche novatrice, de plus en plus utilisée dans le domaine de la santé, fait l’objet d’un forum ouvert à tous (et gratuit), baptisé FAMx, organisé par la Fondation de l’Académie de Médecine à l’Unesco (Paris) les 31 mai et 1er juin 2018 et dont Sciences et Avenir est partenaire. « L’innovation inversée fait référence aux innovations élaborées dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et autres pays émergents qui sont susceptibles d’être utilisées pour améliorer les systèmes de santé les plus développés et de répondre aux défis majeurs de la santé dans le monde tels que les déserts médicaux, l’optimisation des coûts des systèmes de santé, l’évolution du rôle des professionnels de santé », explique la Fondation de l’Académie de Médecine, reconnue d’utilité publique en 2013 et qui a pour mission de favoriser l’accès au meilleur de la santé pour le plus grand monde en accélérant la diffusion, au plan international, des pratiques médicales de pointe.
12 innovations inversées à l’honneur
Au programme de ces deux jours, des tables-rondes et conférences auxquelles participent plus de 40 orateurs venus de 18 pays du monde entier. Douze innovations inversées sont mises à l’honneur, comme « MDiabète », un programme sénégalais de téléphonie mobile pour prévenir et prendre en charge le diabète, « Lifetrack Medical Systems », une plateforme technologique destinée à pallier la carence en radiologues aux Philippines, ou encore Jaipur Foot, une entreprise indienne qui distribue des prothèses de genou, de pied ou de jambe à moindre coût dans 29 pays. Des expériences locales réussies seront présentées, dont un protocole permettant d’opérer la cataracte pour 20 dollars au Népal alors que cette opération coûte… 3000 dollars aux États-Unis ! 400 personnes peuvent participer gratuitement à l’événement. « Les interventions seront en français et en anglais, mais tous les participants auront un casque avec traduction simultanée dans les deux langues, leur permettant aussi de poser des questions dans la langue de leur choix », précise la Fondation de l’Académie de Médecine. Pour vous inscrire, cliquez sur ce lien.
Zoom sur la chronique d’une enseignante belge… Comme en France, on redécouvre dans les hautes sphères, que les 5 sens et l’émotion sont les canaux de la mémorisation.
Une chronique de Gisèle Verdruye, professeur de français depuis vingt ans dans l’enseignement général du réseau libre.
Cela vient de moi ou on nous prend pour des andouilles sans mémoire ?Si notre métier est « le plus beau du monde », il est aussi l’un des plus compliqués. Non pas nécessairement parce que les élèves sont prétendument plus remuants, ou moins intelligents, ou sont carrément des aliens venus d’un univers régi par d’autres lois naturelles que les nôtres. Non, tout cela n’est rien en comparaison du feu incessant et nourri des critiques sur le niveau des élèves dans différentes disciplines et des mesures que de grands théoriciens de la pédagogie nous invitent à suivre pour tout résoudre en un tournemain.
Les unes après les autres, ces réformes s’enchaînent inlassablement : elles vont accélérer l’apprentissage de la lecture, faire de nos chères têtes blondes des prodiges mathématiques et libérer en chaque élève le Nobel de chimie qui sommeille discrètement. Pourtant, bien que chacune de ces nouvelles méthodes balaie sans scrupule la précédente au prétexte qu’elle sera plus efficace, curieusement, les critiques sur le niveau des élèves persistent. Sans compter le fait que, de nos jours, les évaluations des performances des élèves se sont internationalisées. Aujourd’hui, on veut nous convaincre que le prestige d’un pays se mesure à la faculté que les élèves ont de résoudre une équation du second degré en un temps record ou à leur capacité de vous résumer les Discours de Platon en alexandrins. Du coup, à chaque sortie d’une nouvelle étude de performances, nos théoriciens de la pédagogie agitent les méthodes employées dans les pays du « Top 10 » comme autant de solutions pour extraire nos élèves du marasme intellectuel dans lequel nous nous complaisons à les laisser croupir, stupides enseignants que nous sommes !
Ras-le-bol de servir de défouloir à tous ces « révolutionnaires » de l’enseignement qui, pour la plupart, n’ont jamais foulé le sol d’une classe ou, s’ils l’ont fait, n’ont pas résisté longtemps à la réalité du terrain et ont préféré saisir la première occasion d’en sortir pour « mieux repenser les méthodologies d’apprentissage » !
Je ne dis pas qu’il ne faut rien changer dans nos pratiques. La sclérose du système n’est pas la solution et cela d’autant plus que les élèves, eux, forment une espèce mutante très dynamique à laquelle il faut s’adapter. Mais cela ne signifie pas qu’il faut essayer de nous faire gober n’importe quoi en prétendant qu’on vient d’inventer l’eau tiède !
Il paraît que nos élèves ne savent plus compter, manier les chiffres et en comprendre l’abstraction. D’accord ! Pourquoi pas ? ! Heureusement, un procédé génial utilisé à Singapour va tout arranger. Le secret consiste à utiliser des éléments matériels pour que les élèves puissent comprendre en 3D ce que sont les opérations mathématiques. Ensuite, progressivement, on passe de la 3D sur ardoise à la 2D sur papier et, hop, les problèmes n’en sont plus ! Et de nous montrer qu’en ôtant trois cubes verts à cinq cubes verts déjà posés sur une ardoise aimantée, l’enfant saisit mieux le phénomène de la soustraction ! On crie au génie et au fait que depuis plus de quinze ans cette méthode a fait ses preuves et qu’il est grand temps de nous y mettre !
Cela vient de moi ou on nous prend pour des andouilles sans mémoire ? Cette méthode avec ces petites barres colorées qu’on pose sur la tablette du banc (la rouge pour la dizaine, la verte pour la moitié, la bleue pour les paires, etc.), c’est ce qu’on utilisait il y a quarante ans pour nous apprendre à compter ! Parce que l’ardoise est aimantée et que les barrettes en bois ont été remplacées par leurs jumelles en plastique, la méthode, jadis abandonnée pour une autre, plus efficace certainement, est devenue révolutionnaire ? Et l’apprentissage de la lecture y passe aussi. Tout à coup, à la lumière d’une meilleure compréhension des intelligences multiples, on se souvient de l’ancienne méthode qui liait le geste au son (le son [i] avec l’index sur le coin de la bouche, le son [s] avec la main mimant la reptation du serpent, etc.). On redécouvre que la combinaison mouvement-son-image permet de mieux ancrer les savoirs dans la mémoire !
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je fais un cauchemar récurrent : je repasse l’épreuve de mathématiques au baccalauréat.
Pourtant, contre toute attente, j’ai eu une très bonne note ! Sans doute le fait d’avoir dû durant la période de révisions, expliquer une notion compliquée à un de mes camarades. Notion que moi même j’avais du mal à comprendre mais dont la verbalisation et la mise en mouvement (comprenez des gestes avec mes mains) m’ont permis l’assimilation. Il s’agissait d’un problème de valeurs absolues…… Donc je reviens à aujourd’hui, si je devais repasser mon bac, ce serait catastrophique… D’autant plus que les méthodes ont vraiment évolués. La biologie de mon époque (sujet : l’œil et la vue) n’a plus rien à voir avec un sujet d’aujourd’hui etc, etc…… Cependant, le grand oral me séduit bien. Il faut encore attendre 3 ans. Là j’aurais été dans mon élément. Comme quoi le baccalauréat n’est pas ni plus, ni moins difficile au fil des années, il est juste différent. Un rêve cependant : Pourrions nous imaginer passer l’ensemble des épreuves , selon un choix fait en fonction de nos intelligences multiples majeures ? ( ce qui supposerait plusieurs formes autour d’un même sujet) Oups je rêve……………
On le sait très bien, détectez les intelligences fortes chez les élèves et avant tout un temps d’observation. Cependant il est intéressant de construire pour sa classe, pour son école, pour ses élèves un « test » qui leur est destiné. Pauline et Christelle ont pu lors d’une formation organisé par Amifor réfléchir à un test dédié aux 3ème, soit pour les aider dans leur orientation, soit pour pouvoir organiser par la suite des séances intelligences multiples (Gartner).
La première règle que nous nous sommes fixée :
Ne pas évoquer la théorie de Gartner en amont et mélanger les questions de façon à ne pas se laisser guider par une « envie particulière ». La deuxième règle :
Utiliser un vocabulaire compréhensible et des contextes vécus par des jeunes de 14/15 ans. La troisième règle :
Poser autant de questions dans chacune des intelligences et bien poser des questions sur toutes les facettes de chaque intelligence.
A l’école Sainte-Thérèse à Ans (Belgique) , le jeu d’échecs été intégré dans l’apprentissage des enfants. Chaque semaine, les élèves consacrent une période à ce jeu de stratégie.
Rapidement, nous avons été bluffés par l’ampleur extraordinaire prise par ce projet. Les enfants de toute origine, de tout âge et tout milieu se sont fédérés autour d’un même but : maîtriser un jeu d’intelligence commun à toute l’école!
Aujourd’hui, nombreux d’entre eux ont acheté un jeu à la maison pour jouer avec leur famille, ce qui a poussé certains parents à entrer dans notre école et à participer à des temps de jeu avec les élèves.
En formant les élèves, mais aussi les enseignants à la stratégie du jeu d’échecs et à les intégrer dans les apprentissages (quadrillages, déplacements, dictées…), cela a permis à de nombreux enfants en difficultés scolaires de prendre conscience de leur potentiel intellectuel (stratégie, mémorisation…) dans un contexte de jeu et ainsi augmenter leur confiance en eux. Certains plus « hyperactifs » ont appris à se canaliser, à gérer leur attention sur une tâche qui sollicite toute leur réflexion.
D’un autre côté et avec un impact aussi important qu’inattendu, ce projet a permis aux enfants de développer tout un lot de compétences dans leur relation avec les autres. En effet, en jouant aux échecs une heure par semaine, mais aussi pendant les récréations, les temps ouverts, beaucoup d’enfants ont appris à se canaliser, à discuter et à respecter l’autre, à accepter des règles communes, etc.
En confrontant, nos activités avec nos amis les Octofun, nous nous sommes rendu compte que le jeu d’échecs en développe 6 sur 8.
Concrètement, après une année d’apprentissage tant à partir de logiciels que de moments de jeu en classe, les élèves maîtrisent la marche des pièces, comment mettre mat et le pat. Aujourd’hui, ils entrent dans une phase plus stratégique avec des discussions sur les ouvertures, mat en 1 coup, etc.
Pour conclure, voici quelques réflexions d’enseignants de l’école Sainte-Thérèse notées en cours de route qui résument notre projet.
Les échecs développent l’esprit scientifique.
Ce jeu est motivant pour les élèves.
Le temps des parties est adapté au temps scolaire.
Ça les aide à se concentrer.
Le jeu et ses histoires de bataille fascinent les élèves.
Certains élèves ont repris confiance en eux.
C’est un projet « bon marché ».
Le jeu les aide à développer leur mémoire et leur pensée logique.
Cela favorise l’imagination et la capacité à anticiper.
Les échecs leur enseignent l’indépendance et à vivre ensemble en respectant des règles communes.
Les élèves adorent ce cours, c’est un moment à la fois de détente et de réflexion intense
Prof d’anglais en collège, A. Coughlin est passé de la classe inversée à la classe… « accompagnée ». Pour rendre ses élèves autonomes,
il leur donne un maximum de liberté.
Professeur d’anglais au collège
Max Jacob de Josselin, Alan Coughlin a plongé dans la marmite de la classe inversée –
avant de transformer sa pédagogie en « classe accompagnée ». L’idée : rendre les élèves autonomes en leur donnant un maximum de liberté.
Comment en êtes vous venu à pratiquer la classe inversée, puis la classe “accompagnée” ?
J’ai commencé à enseigner en 2010. Dès le début, ce que je faisais ne me convenait pas : beaucoup trop d’élèves attendaient que je dirige tout, et s’ennuyaient. Pour apprendre une langue vivante, il faut parler, faire, bouger. J’ai donc cherché à faire autrement. J’ai regardé ce qui se faisait en matière de pédagogie nouvelle. Mais je me suis rendu compte que, de Freinet à Montessori, la plupart sont difficiles à transposer dans une classe lambda de l’Education nationale, soumise à des contraintes horaires et matérielles.
Puis, en 2011, j’ai découvert la flipped classroom. J’ai appliqué sa définition stricte : donner des vidéos du contenu du cours en amont, et libérer du temps pour faire les exercices en classe. Mais dans mon collège, loin d’être favorisé, j’ai constaté que donner du travail à la maison était une illusion : pour un élève qui a la chance d’avoir des parents disponibles, pas de problème, mais pour les autres, c’était problématique. La classe inversée, dans sa définition originelle ne pouvait pas fonctionner.
Qu’avez-vous alors voulu changer à votre pédagogie?
La classe accompagnée d’Alan Coughlin
En 2013, je me suis posé la question de la motivation, essentielle pour que mes élèves se mettent au travail. J’ai identifié 3 piliers. Deux que je faisais déjà – donner du sens, par la pédagogie de projets ; donner aux élèves les moyens de travailler, par la différenciation -, et un autre que je n’appliquais pas : l’autonomie.
Dans l’enseignement, on demande souvent aux élèves d’être autonomes, mais sans leur en donner les moyens, sans leur dire comment faire. Même dans la classe inversée, cette question n’était pas franchement posée. Qu’est ce que l’autonomie ? C’est savoir s’appuyer sur des ressources, les utiliser pour mieux se gérer soi même.
L’autonomie ne s’apprend pas en travaillant à la maison, avec des parents qui, souvent, ne savent pas comment aider leurs enfants. Elle ne s’apprend pas non plus en écoutant l’enseignant, mais en agissant. Il faut arrêter de tout miser sur la transmission du savoir, et permettre à l’élève d’apprendre par lui-même à gérer son temps et ses ressources, et à collaborer avec les autres. Souvent, on empêche les élèves de collaborer entre eux, ou on les met en groupes mais sans véritable but…
J’ai rejeté la classe inversée, car pour moi, il fallait que tout puisse se faire en classe. Dès qu’on relaie quelque chose à la maison, on se défausse sur la famille d’un certain nombre de responsabilités vis-à-vis des enseignements. Je devais pouvoir les aider en classe, sur tous les aspects. S’ils devaient regarder une vidéo par eux-mêmes pour en tirer quelque chose, je devais être présent et disponible. D’où l’idée de créer une classe accompagnée.
En quoi consiste votre « classe accompagnée » ?
La « classe accompagnée » d’Alan Coughlin / letlearn.eu
L’idée de la classe accompagnée, c’est que tout puisse se faire en classe. Je permet aux élèves de prendre possession de leur temps et de leur espace – la salle de classe leur appartient, plus à moi. C’est leur salle. Ils peuvent déterminer eux mêmes la disposition des tables et des chaises. Ils peuvent s’y déplacer librement et utiliser l’équipement au gré de leurs besoins. Ils ont tous un même objectif à atteindre, mais ils peuvent travailler dans l’ordre qu’ils veulent, avec qui ils veulent.
J’ai gardé ce que je faisais déjà, qui marchait bien et qui ne se faisait pas tout le temps en autonomie (travaux de groupe, travaux individuels, temps collectifs de mise en commun), mais j’ai aussi mis en place des parcours individuels en milieu collaboratif. Concrètement, les élèves ont plusieurs séances pour réaliser leurs travaux, chacun à leur rythme. Toutes les activités que je peux mettre en parcours autonome, je le met sur une feuille de parcours, qui permet aux élèves d’aborder le thème et les activités qu’ils veulent, dans l’ordre qu’ils veulent, seuls ou avec d’autres.
Je laisse mes élèves faire leurs choix. Il ont le contrôle sur leur rythme de travail. Je suis une ressource pour eux, mais toujours en dernier recours : certains me sollicitent parfois trop, et quand ils le font, je les invite à chercher encore un peu par eux-mêmes. Quand ils n’en sont pas capables, je les aide à le faire. Je les accompagne, dans une écoute bienveillante.
On revient aussi aux principes d’une classe collaborative Freinet: les élèves décident eux-mêmes des choses à faire, à partir de conseils. Je ne le fais pas d’une manière aussi systématique, mais les élèves peuvent prendre un maximum de décisions. Au début, ils sont un peu décontenancés par toute cette autonomie, mais ils finissent par vite prendre le pli. Une classe accompagnée bien lancée, c’est une classe dont les élèves entrant dans la salle déplacent les tables immédiatement, et qui sont déjà au travail le temps que je me lève. Il m’est déjà arrivé d’interrompre les élèves, qui s’étaient déjà mis au travail, car je voulais revenir à une forme de cours plus classique !
Quels sont les bienfaits de votre pédagogie ?
La classe accompagnée d’Alan Coughlin
Les élèves sont beaucoup plus à l’aise, motivés et impliqués quand ils sont autonomes. C’est une question de bien-être au travail. Personne n’aime les contraintes et le manque de confiance, à l’école comme en entreprise. Pour libérer le collaboratif et la créativité, il faut créer les conditions de l’autonomie. Beaucoup d’élèves dans mon établissement sont des décrocheurs, et ma classe accompagnée permet de ne pas les rendre malheureux en classe, et de les récupérer.
Une fois au lycée et dans le supérieur, mes élèves seront décomplexés par rapport à la langue, n’auront pas peur de participer et de faire des erreurs. Mais il s’agit d’un processus continu et progressif, il ne faut pas vouloir rendre les élèves autonomes d’un seul coup.
la classe accompagnée me permet de différencier, en apportant des exercices plus complexes à ceux qui sont en avance, et en repérant et en aidant davantage ceux qui sont en réelle difficulté. Mon rôle a changé : je les guide dans l’utilisation des ressources. Je suis un pédagogue, un coach, et je n’ai plus besoin de me consacrer à faire la discipline. Mon rapport avec les élèves est enfin bien meilleur : entre nous, il y a une vraie entente, une complicité, une confiance mutuelle, qui change tout.
En quoi est-ce différent de la classe inversée ?
Ma classe accompagnée est transitoire : elle s’utilise dans un certain contexte, avec des élèves qui ont peu d’autonomie, et que l’on veut rendre justement autonomes. Elle est ainsi pertinente au collège, mais à un certain moment, il est possible de s’en passer et d’aller au-delà.
Une fois l’objectif d’autonomie atteint, il est possible de passer à d’autres formes de pédagogie, comme la classe mutuelle de Vincent Faillet ou la classe renversée de Jean-Charles Cailliez – quand les élèves construisent les cours qu’ils doivent apprendre, et apprennent ainsi en enseignant eux-mêmes. On peut considérer que toutes ces pédagogies, dont la mienne, sont ”des” classes inversées, et pas “la” classe inversée. Je ne me reconnaissais pas dans la flipped classroom telle que définie il y a encore quelques années. Mais aujourd’hui, la définition s’est suffisamment élargie pour englober les pratiques nouvelles, dont les miennes.
Désormais, le développement de l’autonomie, le changement de posture du prof et de l’élève, et la revisite de l’espace classe font partie de ce qu’appliquent “les” classes inversées : on est sorti de la capsule vidéo en amont, qui est finalement anecdotique. Le plus important, c’est ce qui se joue en classe. Dans la mienne, les capsules ne sont pas toujours présentes, mais quand elles le sont, les élèves les visionnent dans la salle.
Le cours magistral classique existe encore parfois, mais seulement pour ceux qui en ont besoin, dans un coin de la salle. Tout peut être vu en vidéo à la maison, mais ce n’est pas une obligation. Je ne veux plus de devoirs à la maison, mais des envies à la maison : mes élèves sont libres de travailler chez eux, mais s’ils en ont envie, s’ils veulent aller plus loin.