Les neurosciences, marotte du ministre de l’Education, une piste pour apprendre mieux ? Les neurosciences sont régulièrement mises en avant par le ministre de l’Education. Peuvent-elles améliorer les pratiques enseignantes et faciliter l’apprentissage des élèves ? Oui, à condition de ne pas occulter d’autres champs de recherche, estiment des spécialistes.
Jean-Michel Blanquer s’est à de nombreuses reprises prononcé en leur faveur pour modifier les méthodes d’enseignement ou les programmes. Il les a par exemple mentionnées lorsqu’il a préconisé la méthode de lecture dite “syllabique“, ou la maîtrise des quatre opérations au CP et au CE1. “Comme le démontrent les travaux de recherche en sciences cognitives, sur lesquels on doit s’appuyer, la plasticité du cerveau est particulièrement forte dans les premières années de la vie, beaucoup moins ensuite“, déclarait-il récemment.
“L’angle mort de l’éducation nationale, c’est le cerveau des enfants, or c’est l’organe de l’apprentissage, de la réflexion, du bien être. D’ici dix ans, tout le monde l’aura compris“, prédit Olivier Houdé, qui dirige la chaire Sorbonne Neuroéducation & Créativité
Selon lui, la grande nouveauté fut l’apparition à la fin du XXe siècle des technologies d’imagerie cérébrale (IRM), qui permettent de comprendre ce qui se passe dans le cerveau qui apprend.
Par exemple, devant deux rangées de jetons de même nombre mais plus ou moins écartés dans chaque rangée, l’enfant avant sept ans considère qu’il y a “plus de jetons là où c’est plus long“. “L’IRM a montré que le cerveau de l’enfant, par automatisme, croit que la longueur est égale au nombre“, explique M. Houdé, qui l’utilise dans le laboratoire du CNRS qu’il dirige à la Sorbonne. Mais l’IRM “a pu aussi tester des interventions pédagogiques ciblées qui provoquent le changement lui permettant de compter correctement“, poursuit-il.
– Intuitions dès le plus jeune âge –
Autres enseignements des neurosciences: les enfants ont, très jeunes, des intuitions arithmétiques et de grandes capacités pour apprendre plusieurs langues; la sieste et le sommeil favorisent les apprentissages; le travail en petits groupes est plus motivant pour les élèves…
Le chercheur plaide aujourd’hui pour placer les neurosciences au coeur de l’école en les intégrant à la formation des professeurs. “Mais il faut éclairer leurs choix pédagogiques, plutôt que de leur imposer une méthode“, dit-il, assurant que son équipe “aidera le nouveau ministre à le faire“.
Ainsi, selon lui, “la connaissance des mécanismes cérébraux n’enlève en rien la nécessité de connaître“, pour un enseignant, “des éléments sur le milieu ou la culture d’origine d’un élève“.
Surtout, les “neurosciences ne peuvent pas dicter la pédagogie, elles peuvent l’éclairer, aider à débloquer parfois des situations. Mais ce ne sont pas elles qui donneront à l’enfant des raisons d’apprendre“, insiste le chercheur.
Extraits d’une ITV de l’Express
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