Comment l’enseignant apprend-il aux élèves à philosopher ? En quoi consiste, pour l’élève, l’acte de philosopher ? En d’autres termes, comment l’enseignant peut-il appréhender en termes d’apprentissage la spécificité du questionnement philosophique, et comment celui-ci se distingue-t-il, en particulier, des modes d’acquisition des connaissances nécessaires aux démonstrations des vérités mathématiques ? Que fait l’apprenant à travers la pratique du débat philosophique en classe si, comme l’a rappelé Emmanuel Kant, au siècle des Lumières : « À la différence des mathématiques, la philosophie ne s’apprend pas » ?
Philosopher : apprendre à dire ce que l’on pense ou à penser ce que l’on dit ?
Une autre difficulté à laquelle se heurtent les enseignants dans leurs pratiques concerne un paradoxe apparent qui est au centre de la conception du débat philosophique à l’école. Il s’agit de savoir comment prétendre favoriser à la fois la libre expression de chacun, et répondre à l’exigence fondamentale de la philosophie qui impose de se détourner de l’opinion.
Ce qui oppose le philosophe (amoureux de la sagesse) au philodoxe (celui qui s’attache à l’opinion), c’est que le premier tend vers une quête désintéressée de la vérité, quand l’autre recherche le pouvoir en s’appuyant sur l’opinion pour séduire et manipuler les foules. Pour l’enseignant, l’enjeu est d’apprendre aux élèves à ne pas confondre le débat philosophique avec un débat d’opinions. L’opinion, étymologiquement se rapproche de la croyance : c’est une prise de position par le sujet pouvant aller de la simple expression à la ferme affirmation. C’est un « tenir pour vrai » qui ne cherche pas à se soumettre à l’examen critique. Ce qui permet de distinguer l’énoncé philosophique d’une simple opinion, c’est le souci de vérité. Le discours philosophique est un discours raisonné et argumenté qui se donne pour but la découverte de la vérité. Le travail de l’élève, à travers le questionnement philosophique, consiste donc à apprendre à analyser, à essayer de comprendre et de mettre à jour mettre à jour les contradictions qui sont à l’œuvre dans une affirmation, ou une proposition.
Comprendre comment et pourquoi philosopher avant d’aborder « le programme » Les stratégies sont différentes.
Quelques-unes expliquées par des enseignants de philosophie
Jonathan :
« Je débute mon année de cours avec pour objectif de non pas amener la philosophie vers les élèves mais que les élèves puissent se diriger vers la philosophie. En ce sens, il n’est pas question de simplifier ou d’atténuer certains moments plus ardus ou moins évidents. Je me méfie des méthodes cherchant à rendre la « philo plus cool » ou à simplifier certains auteurs. Vouloir rendre sympathique notre discipline, c’est faire sous-entendre qu’elle serait ennuyeuse ou barbante. Ma « stratégie » consiste à faire que le propos du cours soit vivant ou polémique pour susciter chez les élèves le désir de penser, de réfléchir, de se contredire, et supprimer la honte de se tromper, de ne pas comprendre ou de ne pas savoir. Il me semble que c’est un aspect de la méthode socratique, celle qui a valu à Socrate de donner ses lettres de noblesse à la philosophie”
Lucile :
« Faire aimer la philosophie aux élèves est un challenge, surtout que nous n’avons qu’une année pour leur faire découvrir la matière et les préparer au bac. En début d’année, avec mes terminales L, j’ai organisé une sortie « Rando philo » pour faire connaissance avec la classe et leur présenter la philo tout en marchant, un peu à la manière des philosophes de l’Antiquité. J’ai également mis en place un petit-déjeuner philosophique : après avoir étudié le Banquet de Platon avec mes TL, je leur ai proposé de faire la même chose que Socrate et ses comparses, chaque élève a fait un discours sur l’amour, puis nous avons débattu de ce thème, le tout devant un petit déjeuner. Je propose aussi des ateliers pluridisciplinaires, avec mes collègues d’anglais ou de SVT, pour montrer les liens possibles avec les autres matières.”
Simon :
« On peut faire aimer la philosophie par la philosophie. Il faut attirer par la philosophie elle-même et il n’y a pas besoin d’artifices. Il n’y a pas à ruser, à se rendre « sympa » ou à s’imposer façon coach. Il faut assurément une sensibilité à ce qui parle à un adolescent, à ce qui sera le meilleur départ, l’amènera à ce retour sur ses opinions qui est immédiatement personnel et engage.”
On peut aussi démarrer de bonne heure, et pourquoi pas en maternelle ?
Amifor propose une formation pour apprendre aux enseignantes de maternelle d’animer des ateliers de philosophie avec Gaelle Sibille et ce dès la maternelle et plus généralement au primaire.
L’objectif est d’inscrire les enfants ayant accès au langage dans une extériorisation des sentiments, dans la reconnaissance de l’autre et de l’impact de ses actions sur son environnement. Réussir à amener l’enfant à construire une réflexion construite et décentrée sur des sujets de sa vie quotidienne. (formation inscrite au catalogue Formiris Grand Est, mais également sur demande)
En attendant, un bon divertissement : la faute à Rousseau
Traiter cette question à travers des personnages symboliques est le pari de la reprise d’une série espagnole « la philo » à travers la série « la faute à Rousseau » sur TV2. Huit épisodes, 8 thématiques : la liberté, l’amour, le devoir, l’identité, l’injustice, le désir, la vérité et le bonheur.
Une mise en situation habilement pensée et des personnages on ne peut plus attachants…… Puisque je compte mon neveu, Victor Lefebvre (Ethan) parmi les élèves dans le thème de l’identité !!!!!!!
MC Lefebvre
Sources : Wikipedia, Cairn.info, vousnousils.fr